Tente d’hôte à la montagne
Installer une tente dans un site sauvage, avec un confort minimum pour un style de vie proche de la nature, est l’idée de départ du projet. Les maisons actuelles sont devenues de micro centrales électriques équipées pour remplir de multiples fonctions. Un hyper confort. La maison de Setsumasa Kobayashi démontre totalement le contraire. La chaleur est fournie par un feu alimenté par des tronçons de bois coupés dans la forêt avoisinante. L’électricité provient de panneaux solaires. Approvisionnement énergétique : kilomètre zéro. Quand le thermomètre annonce moins dix-sept degrés, combien de bûches de bois, de jours ensoleillés faut-il pour maintenir l’autonomie énergétique de ce logis rudimentaire ? « Etre hôte de la montagne, utiliser les ressources locales d’un mode de vie simple et ingénu » résume la requête du couple japonais pour cette habitation secondaire au milieu de la nature dans la province de Nagano.
Deux tentes dômes comme chambres à coucher sont déposées sur un simple embarcadère de bois de mélèze équipé de deux volumes pour une cuisine et une salle de bain. Le minimum requis pour vivre dans les bois : dormir et manger, stocker du matériel de première nécessité. Il ne s’agit pas d’une maison traditionnelle pour le week-end mais d’une station expérimentale. Celui qui arrive jusqu’à Kawakami, village de montagne, bénéficie de ressources mais doit aussi faire face aux contraintes de la forêt. Durant certaines périodes de l’année, seuls des vêtements chauds et un sac de couchage font la différence par rapport à une maison moderne traditionnelle. Habitation adéquate pour un séjour au contact de la nature. L’architecte Shin Ohori confie « construire une habitation sur un site aussi vaste n’est pas simple, aucune décision ne prévaut mise à part celle de ne pas modifier le site ». Le maître d’oeuvre décide de construire cette plateforme embarcadère sur une pente raide et sème des plantes herbacées résistantes aux basses températures pour éviter tout glissement de terrain durant les fortes pluies hivernales. Ce lieu sans grand confort est assurément un gîte qui permet de comprendre comment utiliser les ressources locales et vivre en adéquation avec son environnement.
Légende
Réduire au minium l’intervention sur le site signifie également diminuer les coûts. L’architecte prend sa mission au pied de la lettre : une habitation d’appoint, un logis primitif pour travailler la terre, profiter de tout ce que ce lieu naturel peut offrir.
« La récolte de bois de cet été permet de chauffer le logis pendant trois années. Les panneaux solaires fournissent l’énergie électrique nécessaire pour nos séjours de fin de semaine » .
Le bois de mélèze est un matériau de construction de provenance locale, utilisé dans ce cas à l’état brut et non traité. Le couple japonais est séduit par l’idée qu’un jour le mélèze se décompose comme se consume un feu de campeur. Leur isolement impose l’usage de la chaudière à bois pour fournir eau chaude et chaleur. Conscients que la combustion du bois produit du dioxyde de carbone, ils restent néanmoins soucieux des enjeux écologiques en explorant les limites du possible.
Texte Laurence Humier – Photographie Alessio Guarino